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Guillaume Dimanche travaille la photographie par couches successives, cela s’apparente à la tectonique car il prend des photographies en rafales qu’il superpose les unes sur les autres. Ses images peuvent évoquer certaines œuvres de Francis Bacon qui creusent et étirent le sujet pour en trouver la consistance, le noyau en fusion, c’est une descente dans les profondeurs de l’être. Marcel Proust procédait ainsi dans ses recherches sur les personnalités qui l’entouraient, des strates et des strates, comme dans les analyses freudiennes qui superposent et interprètent dans le présent des sommes d’instants passés.
Les photographies de Guillaume Dimanche ne sont pas linéaires, elles ne racontent pas des histoires dans un temps qui se déroule comme celui de la cinématographie. En ce sens, elles sont peut-être plus proches de la réalité de l’esprit qui superpose des couches de vies à la manière d’un mille-feuille, allant parfois jusqu’au déni de certaines strates.
Il y a dans les photographies de Guillaume Dimanche un mouvement centrifuge qui attire le regard vers le sujet, le centre de la photographie et le noir évanescent qui l’entoure participe de cette aspiration. Mais il y a également un mouvement centripète qui étire l’image et la pousse vers l’extérieure, la fait trembler pour mieux la saisir. L’interprétation poétique du sujet photographié dans ses multiples prises de vues, des centaines ou milliers pour une seule image, ainsi que son étirement formel avec ses lignes et ses effacements de couleurs, permettent d’avoir une subjectivité liée à l’acte pictural, bien plus qu’à l’acte photographique qui est dans le hic et nunc, dans la saisie de l’instant idoine.
Guillaume Dimanche ravive en touches successives l’esprit des choses et des êtres, c’est une forme d’animisme qui pour trouver l’unité, cherche avant tout l’âme des sujets photographiés : « Un souffle immatériel forme l’harmonie ». Lao-Tseu ; Tao-tö-king, XLII - VIe s. av. J.-C.
Guillaume Dimanche works on photography in successive layers, it is
similar to tectonics because he shots pictures in bursts and then he
superimposes one on each other. His images can evoke some works of
Francis Bacon that dig and stretch the subject to find the consistency, the
nucleus in fusion, it is a descent into the depths of being. Marcel Proust
thus proceeded, in the analyzes, on the personalities who surrounded
him, the stratums and stratums, as in the Freudian analyzes which are
superimposed and interpreted in the present of the past smugglers.
Guillaume Dimanche’s photographs are not linear, they do not tell stories
in a time that unfolds like cinematography. As, they are perhaps closer to
the reality of the spirit wich superimpose layers of life in a mille-feuille
way, until they shirk.
In Guillaume Dimanche’s photographs there is a centrifugal movement
catch the eye to the subject, the center of photography and the evanescent
black participate in this aspiration. There is also a centripetal movement
wich stretches the image and pushes it outward, makes it tremble to
better grasp. The poetic interpretation of the subject photographed in its
multiple shots, hundreds or thousands for a single image, as well as its
formal stretching with its lines and its erasures of colors, allow to have a
subjectivity related to the pictorial act, much more than the photographic
act which is in the hic et nunc, in the seizure of the appropriate instant.
Guillaume Dimanche revives the spirit of things and beings in succession,
it is a form of animism that seeks unity, looking above all for the soul of
photographed subjects: «An intangible breath of harmony». Lao Tzu; Taotö-
king, XLII - 6th century a J.-C.
Laurent Quénéhen pour le catalogue de l'exposition LOCATIONS, La Ville à des Arts, Paris, novembre 2018.